Toute plaie de la main, même d’allure bénigne, justifie une consultation aux urgences, afin de s’assurer de l’absence de lésion des éléments “nobles” (nerfs, artères, tendons), qui sont situés juste sous la peau à ce niveau. En effet, la taille de la plaie ne laisse en rien présager de la gravité des lésions sous-jacentes.
Un rapide examen de débrouillage permet d’évaluer grossièrement la gravité des lésions.
La vascularisation en aval de la plaie est vérifiée en examinant la couleur, la chaleur et la recoloration des doigts à la pression. Une sensation de fourmillement, une diminution ou
une altération de la sensibilité d’un doigt évoque une lésion d’un nerf.
La flexion extension des doigts est impossible en cas de section tendineuse, mais uniquement si la section est complète: les tendons partiellement coupés conservent une action faussement rassurante, et peuvent se rompre par la suite.
Au moindre doute à l’examen initial, la prise en charge doit être assurée par un chirurgien spécialisé et se dérouler au bloc opératoire, afin de pouvoir garantir des conditions d’asepsie stricte et une absence totale de douleur.
Déroulement d’une intervention pour une plaie de la main:
1. Parage :
Première étape du traitement, le parage consiste à retirer les tissus contaminés par l’objet tranchant. Ce geste permet de réduire considérablement les risques d’infection.
2. Exploration :
Seule l’exploration chirurgicale permet d’effectuer un bilan précis des lésions. Elle peut parfois justifier d’agrandir la cicatrice, afin de parfaitement visualiser chaque élément susceptible d’être lésé.
3. Lavage :
En cas d’ouverture d’une articulation ou d’une gaine tendineuse, le lavage constitue un temps important, permettant de diluer les bactéries et de limiter ainsi les risques d’infection.
4. Réparation des éléments lésés :
Après l’exploration, on procède à la réparation des éléments lésés. Les os et les articulations sont réparés en premier, puis les tendons. Viennent ensuite les nerfs et artères, qui sont suturés sous microscope, à l’aide de fils dont l’épaisseur est de l’ordre de 100 microns.
5. Fermeture :
L’étape suivant est la fermeture de la peau. Si une partie de la peau a été emportée par la plaie, on fait appel à des procédés de couverture appelés “lambeaux”, qui consistent à déplacer de la peau de bonne qualité pour couvrir les éléments nobles réparés.
6. Pansement :
L’intervention se termine par le pansement. La plaie est généralement recouverte d’un interface favorisant la cicatrisation et évitant la formation des croûtes, et de compresses stériles maintenues par une bande. Si des éléments nobles ont été réparés, on peut mettre en place une attelle interdisant les mouvements risquant de contraindre les réparations.
Quelles sont les suites?
– A court terme :
Le pansement est généralement refait tous les deux à trois jours par une infirmière.
Les réparation de tendons fléchisseurs nécessitent absolument une rééducation immédiate protégée par l’attelle (Mobilisation Active Précoce Protégée), afin d’éviter l’enraidissement et les adhérences. Cette étape est d’importance capitale pour le résultat final.
En cas de lésion artérielle ou nerveuse, un arrêt immédiat total et définitif est indispensable à l’obtention d’un résultat optimal. La récupération de la sensibilité après réparation nerveuse est longue (jusqu’à 18 mois) et parfois incomplète (surtout chez les fumeurs).
– A long terme :
La récupération finale dépend évidemment de la gravité des lésions initiales, mais aussi du strict respect des consignes post opératoires et de la rééducation.En cas de raideur persistante et résistante à plusieurs mois de rééducation, on peut proposer une opération de libération des tendons voire des articulations (ténolyse voire téno-arthrolyse), afin de détruire les adhérences et de faciliter leur coulissement.